Boursier·es 2020-2021 – Résumés de recherche

Hassane Alami, Chercheur postdoctoral, Université de Montréal,

Intégration des principes de l’innovation responsable dans le choix des technologies d’intelligence artificielle et du numérique dans les organisations de santé : étude de cas au Québec et en Ontario

 

 

Maud Boisnard, Étudiante au doctorat, département de communication, Université de Montréal

Réguler le cyberespace : pouvoir infrastructurel des plateformes numériques et co-gouvernementalité

À partir d’une approche communicationnelle de la mondialisation considérée du point de vue de l’économie politique, cette recherche étudie les transformations de l’écosystème numérique mondial à l’aune de sa plateformisation. L’objet d’étude de cette recherche est la firme multinationale américaine Alphabet Inc. (créée en 2015 par les fondateurs de Google), qui intervient au cœur de cet écosystème telle une plateforme de 1er niveau, en s’illustrant à la fois comme infrastructure de l’économie en réseaux, comme moteur de l’innovation technologique et comme agent économique transformateur. Cette thèse vise à déterminer le fait que dans ce nouveau territoire qu’est le cyberespace, le degré de pouvoir infrastructurel des plateformes de 1er niveau, telles que Alphabet Inc., impose aux États de consentir à un partage des prérogatives politiques, selon un modèle de co-gouvernementalité.

Khaled Chait, Étudiant, M.Sc. Cégep de Sainte-Foy,

Étude de l'intégration des outils numériques (TI) et de l'IA dans la réalisation et le lancement du réseau structurant de transport en commun de la Ville de Québec

Le domaine de l’IA est actuellement en pleine expansion. La disponibilité de grosses masses de données issues d’une multitude de sources et l’augmentation remarquable des capacités de calcul des machines et leurs disponibilité de plus en plus à moindre coût ont permis à l’IA de commencer à gagner du terrain dans plusieurs domaines d’application. Néanmoins, il reste du chemin à faire avant de voir ces technologies intelligentes omnisprésentes dans tous les secteurs. Le secteur de la mobilité durable et des villes intelligentes en est un exemple, où le potentiel de l’IA reste peu exploité. L’idée derrière cette proposition d’activité est d’aider à tirer profit des outils numériques et de l’IA pour mener au mieux le projet de réalisation et de lancement du réseau structurant de transport en commun (RSTC) de la Ville de Québec. En partant d’une étude théorique du sujet pour mieux cerner les points importants et préparer la mise en pratique des résultats qui en découlent, l’objectif final sera d’arriver à maximiser les bénéfices de l’intégration des outils numériques et d’IA dans la mobilité durable dans le cadre du RSTC de la Ville de Québec mais aussi de bien situer le tendon d’achille dans ce contexte.

Gregory Fortin-Vidah, Étudiant au baccalauréat en psychologie, Université Laval et membre chercheur étudiant de l’OBVIA,

Principes éthiques et comportementaux pouvant guider la conception d'une application mobile de soutien au développement de saines habitudes de vie

Il est largement reconnu que de saines habitudes de vie peuvent contribuer au bien-être à long terme des individus et réduire le risque qu’ils développent plusieurs maladies chroniques. Le développement de telles habitudes peut être favorisé par l’utilisation judicieuse de principes issus des sciences du comportement, notamment par le biais d’une application mobile conçue à cette fin. La conception d’une telle application soulève cependant des enjeux éthiques importants. Le présent projet est une recension d’écrits portant sur les principes éthiques et comportementaux pouvant guider cette conception.

Jean Noel Nikiema, Chercheur postdoctoral, M.D., Ph.D, Université de Montréal,

Evaluation des caractéristiques influençant l’impact des algorithmes d’intelligence artificielle dans la pratique de soins

 

 

Notre projet de recherche consiste à une veille sur les outils et algorithmes d’intelligence artificielle développés et mis en œuvre en santé au Canada en lien avec la pandémie de la COVID-19, et l’analyse des politiques qui y sont liées. Cette veille permettra de produire une cartographie des outils développés et déployés afin de mieux comprendre leur potentiel et limites dans le système de santé, ainsi que les éléments contextuels qui en favorisent et limitent la mise en œuvre. Le but de cette démarche est d’identifier les leviers d’action, en contexte canadien, pour l’amélioration de leurs impacts sur la qualité de soins et sur une réponse à une autre éventuelle épidémie.

Camila Moreira Cesar, Chercheure postdoctorale, Ph.D, Docteure en sciences de l’information et de la communication, Université Laval,

Participer en politique autrement : pratiques, usages et représentations des plateformes numériques dans la construction de formes personnalisées d’engagement politique en ligne

 

Les technologies ou plateformes numériques font apparaître des compétences professionnelles, reconfigurent les pratiques et redéfinissent les contours des activités des acteurs et institutions de nombreux domaines. En politique, leur arrivée s’est accompagnée de discours préconisant un renouvellement de la démocratie via le rapprochement entre gouvernants et citoyens et les formes inédites de participation politique. Toutefois, des études menées ces dernières années montrent les limites de ces prémisses. Des inégalités sociales et cognitives des individus passant par les appropriations et usages différenciés qu’ils font des outils numériques, les recherches signalent la pluralité de sens et de formes ainsi que le caractère antidémocratique que les pratiques des internautes peuvent présenter. Considérant l’environnement numérique comme un lieu où actions individuelles et actions collectives se construisent sur des frontières poreuses, ce projet vise à dresser une sociologie des usages politiques des médias socionumériques à travers l’étude de cas des pratiques des citoyens québécois dans les espaces de communication numérique (Twitter, Facebook et Instagram) du Premier ministre du Québec. Embrassant une perspective transdisciplinaire, au carrefour des sciences de l’information de la communication, de la science politique et de la sociologie des usages numériques, nous chercherons à analyser comment les actions des usagers traduisent des formes diversifiées de participation politique façonnées au gré des possibilités offertes par ces dispositifs. Cette recherche se focalise ainsi moins sur la façon dont les plateformes promeuvent la participation politique que sur comment certains usages spécifiques peuvent la stimuler dans l’environnement numérique.

Sylvain Munger, Chercheur postdoctoral, Université de Montréal

Les visions du futur de l’intelligence artificielle : pouvoir et prestige de l’imaginaire sociotechnique chez les entrepreneurs de Montréal

 

Ce projet postdoctoral cherche d’abord à montrer le rapport de pouvoir existant dans la production et la circulation d’un imaginaire sociotechnique chez les entrepreneurs en IA. Des visions circulent à travers tout un réseau d’acteurs porteurs de ressources culturelles et matérielles socialement différenciées. Il y a donc un processus d’inclusion et d’exclusion qui accompagne les mots prononcés du discours dominant pour poser cet imaginaire, et ce processus s’intéresse peu aux faits de parole des gens ordinaires. Je cherche aussi à montrer comment l’imaginaire sociotechnique entre dans le processus de formation identitaire de certains groupes ou individus. L’imaginaire sociotechnique n’est pas neutre, et le fait d’analyser les représentations en circulation chez les entrepreneurs me permettra d’illustrer les préjugés et les biais – de race, de classe sociale, de genre – plus ou moins inconscients. Puisqu’il s’agit d’un milieu composé majoritairement d’hommes, alors il faut examiner la possibilité que l’IA puisse jouer la fonction d’une sorte d’ostentation masculine du pouvoir, source de prestige et de supériorité symbolique pour les hommes qui ne développerait que leur propre perspective à travers l’imaginaire.

Vijaya Lakshmi, Étudiante au doctorat, Systèmes d’information organisationnels, Faculté des sciences de l'administration, Université Laval

Exploration de la relation entre l'apprentissage par l'expérience de l'agriculteur et le système d’aide à la décision agricole basés sur l’IA

Les préoccupations en matière de sécurité alimentaire et les effets négatifs des pratiques agricoles sur l’environnement ont incité le secteur agricole à rechercher des approches agricoles innovantes. Comme dans d’autres secteurs, l’adoption de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur agricole est influencée par la nécessité de révolutionner l’industrie en augmentant la productivité et la qualité des aliments, en réduisant les impacts environnementaux et en renforçant les conditions socio-économiques des agriculteurs. Pour aider les agriculteurs à prendre des décisions agricoles en connaissance de cause, les systèmes d’aide à la décision agricole basés sur l’IA (AgriDSS) agissent comme principaux agents de transformation. Toutefois, cet objectif n’est pas entièrement atteint car la plupart des AgriDSS ne tiennent pas compte de l’incertitude et du dynamisme qui régissent l’environnement agricole, ce qui entraîne une différence entre les attentes théoriques et la réalisation pratique des AgriDSS. Reconnaissant la différence entre la théorie et la pratique de l’AgriDSS, le problème de recherche étudié dans cette étude concerne la mise en œuvre et l’utilisation de l’AgriDSS dans les pratiques agricoles pour atteindre la durabilité agricole.

Les systèmes AgriDSS basés sur l’IA fournissent des informations prédictives en temps réel et augmentent les capacités de résolution de problèmes des systèmes conventionnels d’aide à la décision. Bien que les données utilisées par AgriDSS soient collectées dans des conditions similaires, elles ne sont pas conditionnées aux besoins des exploitations individuelles. Par conséquent, AgriDSS ne parvient souvent pas à rassembler ces données en recommandations utilisables pour résoudre les problèmes des exploitations agricoles locales. Les agriculteurs utilisent généralement une approche holistique guidée par leur intuition et leurs expériences antérieures dans l’évaluation de problèmes agricoles complexes et nous attendons des agriculteurs qu’ils utilisent cet apprentissage pour accroître l’efficacité de l’AgriDSS.

Par conséquent, cette étude vise à examiner la relation entre l’apprentissage expérientiel des agriculteurs et l’utilisation d’AgriDSS dans la promotion de l’agriculture durable au Québec et comment l’apprentissage expérientiel des agriculteurs influence la mise en œuvre d’AgriDSS dans les fermes québécoises. Cette étude aboutira a expliquant l’importance des expériences humaines dans la réalisation de connaissances précieuses à partir d’artefacts technologiques.

Michael Lang, Étudiant au LLM à la faculté de droit de l'Université McGill

Le décisionnaire inexplicable : Revue des raisons des algorithmes d'apprentissage automatique dans les services de santé

 

Les décisions importantes dans la sphère publique sont de plus en plus déléguées à des systèmes d’apprentissage automatique. Ces systèmes posent un défi d’impénétrabilité. Les résultats des décisions ne sont souvent pas accompagnés d’explications : il est généralement techniquement impossible de savoir pourquoi un système d’apprentissage automatique prend une décision plutôt qu’une autre. C’est ce qu’on appelle souvent le « problème de la boîte noire » de l’apprentissage machine, qui soulève de difficiles questions juridiques et éthiques sur la responsabilité, l’égalité et les principes fondamentaux du droit procédural. Alors que les systèmes d’apprentissage automatique ont été décrits comme une aide aux médecins exerçant un jugement indépendant et que les principes éthiques soulignent que les décideurs humains doivent rester des juges de dernier ressort, ces outils sont susceptibles de compliquer les droits des patients et du public tout en générant des difficultés pour les juges qui doivent déterminer la responsabilité de décisions prises sur la base de raisons inconnaissables. Ces problèmes sont si graves que certains universitaires ont fait valoir que les systèmes de décision inexplicables ne devraient pas être utilisés du tout. Face à l’impénétrabilité, le droit de plusieurs juridictions a tenté de résoudre ces problèmes par la création d’un « droit à l’explication. » La législature du Québec, par exemple, a récemment commencé à débattre d’un projet de loi du gouvernement qui créerait un droit à l’explication pour les décisions automatisées prises par les organismes publics. Mais on peut se demander sérieusement si un tel droit serait le meilleur moyen de s’attaquer aux systèmes de décision impénétrables.

Dans ce projet, je veux mieux comprendre les implications juridiques des systèmes d’apprentissage automatique impénétrables utilisés pour prendre des décisions en matière de santé. Je veux répondre à deux questions spécifiques. Premièrement, je veux comprendre si les raisons incertaines données par les systèmes d’apprentissage machine entraveront la capacité des individus à demander réparation lorsqu’ils sont lésés. Deuxièmement, je veux déterminer si les propositions en faveur d’un droit à l’explication répondent de manière adéquate aux défis soulevés par l’impénétrabilité dans le contexte des soins de santé. En examinant ces questions, je me concentrerai sur deux contextes de santé distincts : les décisions prises par les organismes de santé publique pour restreindre ou limiter les droits sociaux et civils et les décisions de diagnostic prises par les cliniciens en génomique.

Alexandra Prégent, Étudiante à la maîtrise en philosophie, Université Laval

L’informatique affective : Questionner la légitimité de l’utilisation des systèmes de reconnaissance d’émotions

 

Ma problématique s’inscrit dans le contexte actuel de la révolution numérique et de l’omniprésence des technologies de l’IA dans les sociétés d’aujourd’hui. Je cherche à déterminer les conditions nécessaires à la légitimation des systèmes de reconnaissance d’émotions ainsi que leur potentiel à participer à une plus grande justice sociale.

Dans cette optique, je questionne les prétentions de l’IA à identifier correctement les émotions vécues, en partant du postulat que l’IA n’a pas un accès direct à l’expérience subjective, qu’elle repère des corrélations entre des données issues des manifestations extérieurs des émotions. Je formule l’hypothèse qu’un processus d’identification, fondé sur une évaluation des conditions normatives en regard des valeurs pertinentes envers les systèmes précédemment déployés, permet d’envisager l’élaboration d’une proposition rigoureuse et réfléchie qui pourra appuyer les décisions des gouvernements et des autres acteurs sur la légitimité ou l’illégitimité de l’utilisation de ces systèmes dans la société.

Ma recherche permettra de proposer une réflexion prospective sur les impacts de l’utilisation des systèmes d’analyse faciale sur l’exercice de nos droits et libertés dans un contexte où aucune décision structurée et concertée n’a encore été prise à l’échelle nationale et a un moment d’urgence devant le déploiement de ces systèmes dans les entreprises et même dans certaines municipalités.

Vincent Theriault, Chercheur étudiant en arts visuels et médiatiques, Université Laval,

Le jeu collectif sur orgue à tuyau via programmation informatique

 

Utilisant le logiciel de programmation Max/MSP ainsi que des interfaces MIDI variées, ma recherche-création a pour but d’explorer la construction de pièces musicales pour orgue à tuyaux dont l’aspect compositionnel est régit par des systèmes modulables et évolutifs dans le temps et selon des gestes de jeu simples. C’est à partir de matériel sonore prédéfini et d’occasions d’interventions sur celui-ci que les structures musicales sont fragilisées, modelées, et paradoxalement augmentées. L’orgue à tuyau modifié, ou « midifié », permet son jeu par l’influx informatique en direct, ainsi ces pièces pensées pour jouer en duo se matérialisent et se présentent au fur et à mesure que les interprètes s’immiscent et jouent de leur gestes parfois contrôlés, parfois altérés par l’imprécision précise du système informatique.

 

 

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