Implanter l’IA dans les organisations: Défis et enjeux

Le 2 février 2022 a eu lieu la conférence «Implanter l’IA dans les organisations: Défis et enjeux». Cette table ronde, animée par Steve Jacob, coresponsable de la fonction Politiques publiques de l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA), a permis à près de 400 participantes et participants d’approfondir leurs connaissances sur ce sujet grâce aux présentations des panélistes Daniel Caron, de l’École nationale d’administration publique (ENAP), Seima Souissi, de l’Université Laval (ULaval), et Julie Garneau, de l’Université du Québec en Outaouais (UQO).

En première partie, M. Caron expose la perspective informationnelle de l’organisation qui offre de solides bases pour comprendre de quelles manières l’intelligence artificielle (IA) peut être intégrée au sein des organisations. Suivant cette perspective, il est clair que toute innovation technologique requiert une innovation organisationnelle si l’on souhaite pleinement en bénéficier. En ce sens, M. Caron plaide pour une remise en question des modèles traditionnels d’organisation du travail où le numérique serait conçu comme des espaces où il convient d’intégrer de nouvelles conventions. Selon ce chercheur, il est essentiel de quitter les structures organisationnelles fixes et d’aller vers des organisations davantage construites sur des flux d’informations fluides. M. Caron conclu sa présentation avec 3 messages clés:

  • dans le cadre de transformations numériques, il est essentiel de travailler à partir des extrants déjà fixés en fonction des objectifs de l’organisation
  • l’accès aux données et leur partage doivent être facilités
  • le design organisationnel doit être conçu et organisé autour du ou des besoins identifiés en amont

Seima Souissi prend ensuite la parole afin de présenter les principaux résultats du travail de recherche ayant mené à la rédaction du Rapport sur l’intelligence artificielle dans l’administration publique au Québec. L’objectif de cette recherche était de comprendre les implications du déploiement de l’IA dans les organisations étudiées (défis, bonnes pratiques, etc.). L’étude souligne d’abord et avant tout de grandes différences dans les outils utilisés, l’expérience d’utilisation des outils, les usagers auxquels ils se destinent. Toutefois, les défis rencontrés par ces différentes organisations s’articulent de manière plutôt similaire puisqu’ils concernent essentiellement des enjeux techniques, éthiques ou managériaux. Il est également souligné que les équipes projet attitrées à la conception et à l’implantation de l’IA sont généralement composées de gestionnaires et d’informaticiens. Les approches plus inclusives (impliquant les employées et employés) semblent davantage mises en place par les organisations qui ont les expériences les plus récentes dans l’implantation de l’IA. L’une des recommandations clés émises par Mme Souissi est celle d’impliquer le plus rapidement possible les employées et les employés dans les projets relatifs à l’IA afin de faciliter leur adhésion.

En dernière partie, Julie Garneau effectue un survol des enjeux et défis que posent ces nouvelles technologies dans le monde du travail en s’attardant aux portraits contrastés que montrent les études en lien à l’adoption de différentes technologies liées à l’IA et l’industrie 4.0. D’un côté, ces technologies ont le potentiel d’améliorer la performance ou l’allégement des tâches pénibles et routinières et de l’autre, elles peuvent comprendre un accroissement de la surveillance, une diminution de l’autonomie d’action, un estompement de la frontière professionnel/personnel, de nouveaux enjeux de sécurité/propriété des données, etc. Mme Garneau souligne également que si l’IA est utilisée différemment en fonction des secteurs, la gestion algorithmique, elle, tend à se frayer un chemin partout. L’automatisation des fonctions de gestion demeure toutefois partielle avec un niveau d’utilisation variable des algorithmes. Pour Mme Garneau, les mécanismes de gouvernance sont cruciaux en vue de limiter les effets négatifs de ces technologies au sein des organisations. Elle propose d’ailleurs, à la vue des changements multiples qu’opèrent les technologies au sein des milieux de travail, la transition vers une gouvernance participative, délibérative et large. Puisque ces nouvelles technologies modifient les types de connaissances à l’œuvre dans la performance, elle conclut en lançant un appel à l’adoption de postures collectives et nouvelles visant à soutenir les acteurs dans la définition des problèmes, de leurs effets et des solutions technologiques à adopter.

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