Lectures : IA, relations internationales et droits humains

Les coresponsables de l’axe « Relations internationales, action humanitaire et droits humains » ont relevé de récentes publications en lien avec les travaux et réflexions de l’axe. Bonne lecture !

The Digital Geneva Convention A Critical Appraisal of Microsoft’s Proposal

En 2017, le président et directeur de Microsoft, Brad Smith, a fait appel aux États pour l’adoption d’une Convention de Genève numérique. Selon ce dernier, il est nécessaire de développer un cadre juridique basé sur les Conventions de Genève afin de protéger et défendre les civils contre des cyberattaques cautionnées par des États. Cette initiative est un plaidoyer pour actualiser et adapter les droits et obligations aux réalités numériques actuelles. Dans cette veine, Microsoft encourage la création d’un cadre juridiquement contraignant, à ce jour inexistant, pour régir le comportement des États dans le cyberespace. Toutefois, Jeutner soutient que sa perception d’un cyberespace dépourvu de règlementation est inexacte, en particulier à la lumière des règles étayées dans le Manuel Tallinn 2.0. De plus, Microsoft entrevoit la création d’une organisation indépendante semblable à l’Agence internationale d’énergie atomique pour identifier les cyberattaques et les responsables, ignorant ainsi les mécanismes juridiques internationaux existants. Finalement, Microsoft perçoit les entreprises du secteur technologique comme les premiers intervenants en temps de guerre, fournissant des services similaires à ceux de la Croix-Rouge. Or, selon les dires de Jeutner, cette vision est imparfaite, car le secteur privé est, contrairement à la Croix-Rouge, non neutre et à but lucratif.

Jeutner, V. (2019). The Digital Geneva Convention A Critical Appraisal of Microsoft’s Proposal, Journal of International Humanitarian Legal Studies, 10, 158-170.

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The Humanitarian Data Ecosystem: The Case for Collective Responsibility

Les technologies numériques représentent aujourd’hui la plus grande opportunité de transformer le secteur humanitaire. Pourtant, malgré l’avancement incomparable qu’elles représentent, les possibilités d’abus sont énormes. Cet article explore les défis et propose un cadre pour l’utilisation responsable des données humanitaires. Les auteurs soutiennent que (1) à l’ère du numérique, les activités des ONG et organisations internationales ne peuvent être dissociées du processus de collecte des données; et (2) en utilisant des données numériques dans leurs opérations, ces organisations se soumettent à une série de lois et de règlements (nationaux), alors qu’elles ne l’étaient pas auparavant. Face à ses défis, il est nécessaire que les acteurs impliqués dans les politiques publiques mettent en place des normes et politiques qui dépassent les frontières organisationnelles afin d’éviter une utilisation inappropriée – et potentiellement nuisible – des données humanitaires. Ainsi, les parties prenantes de l’écosystème des données humanitaires – des bailleurs de fonds aux bénéficiaires – doivent participer à la création des principes et des pratiques pour l’utilisation éthique des données numériques, et ce afin d’éviter une utilisation inappropriée et potentiellement nuisible.

Berens, J. Raymond, N. Shimshon, G. Verhulst, S. Bernholz. L. (2016). The Humanitarian Data Ecosystem: The Case for Collective Responsibility, Center for Innovation, 1-6. Lire l’article

Digital Diplomacy: Theory and Practice

La révolution de la diplomatie numérique a ouvert une nouvelle dimension des relations internationales, susceptible d’avoir un effet majeur sur la géopolitique internationale. À bien des égards, cette révolution a changé la façon dont les entreprises mènent leurs activités, les individus conduisent leurs relations sociales et les États gèrent la gouvernance interne. Mais les États commencent tout juste à réaliser son potentiel à modifier, voire même améliorer, la façon dont les interactions interétatiques sont menées. En particulier, la diplomatie numérique a contribué au changement des pratiques diplomatiques en matière de gestion de l’information, de diplomatie publique, de planification stratégique, de négociations internationales ou même de gestion des crises. Malgré son potentiel, le fonctionnement de la diplomatie numérique d’un point de vue analytique reste peu connu. Ce volume, qui regroupe des universitaires et décideurs politiques spécialisés dans le domaine, a pour objectif de définir ce qu’est la diplomatie numérique, d’évaluer sa relation avec les formes traditionnelles de diplomatie, d’examiner les dynamiques de pouvoir et d’évaluer les conditions dans lesquelles la diplomatie numérique informe, régule ou contraint la politique étrangère.

Bjola, C. Holmes, M. (2015). Digital Diplomacy: Theory and Practice. 1st Ed. 1-252. Lire l’article 

Humane Artificial Intelligence: The Fragility of Human Rights Facing AI

Les machines sont dénuées de tout sens moral, c’est pourquoi l’éthique doit être au centre de leur création et déploiement. En ce sens, l’informatique affective ou l’intelligence émotionnelle artificielle – soit l’étude et le développement de système ayant les capacités de reconnaître, d’exprimer, de synthétiser et de modéliser les émotions humaines – peut améliorer l’interaction homme-machine (IHM). En effet, un système capable de discerner l’état d’esprit d’une personne peut mieux évaluer ses intentions et sa volonté réelle, et adopter sa réponse en conséquence. Néanmoins, l’intelligence émotionnelle artificielle ne permet pas à elle seule de minimiser, ou même d’éviter les violations de droit humain. Il est donc indispensable de développer des principes éthiques, basés sur l’éthique informatique, pouvant faire face aux diverses situations-problèmes auxquelles ils sont confrontés, et ce afin d’éviter des situations imprévisibles moralement inacceptables.

Cataleta, M. S. (2020). Humane Artificial Intelligence: The Fragility of Human Rights Facing AI. East-West Center. 1-33.

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